Contrôle technique automobile : le calvaire des Algérois

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29 mars 2018 - 9 h 15 min

Devant le centre de contrôle technique automobile de Cheraga à l’ouest d’Alger, tout a l’air calme. Il est 7h00 du matin ce mercredi 28 mars. Le portail est fermé et la barrière de sécurité abaissée.

Devant l’entrée du centre, situé en bordure d’une zone agricole, personne en vue, à part le gardien, adossé à la barrière, renvoyant gentiment les automobilistes qui viennent tenter leur chance dans ce centre, souvent après avoir essayé dans plusieurs autres. Ici, la citation “le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt”, trouve bien sa place.

« Nous sommes fermés », répète-t-il, déjà fatigué en début de matinée car sa journée de travail a commencé bien avant. « Les clients arrivent au milieu de la nuit, à partir de 2h00 du matin, ils attendent jusqu’à ce qu’on commence à faire rentrer notre quota de véhicules du jour à 5h00 », explique-t-il. À l’intérieur, quelques chanceux attendent leur tour pour passer le fameux contrôle.

« Les voitures à l’intérieur du centre sont arrivées très tôt. Nous avons pris les 60 premiers. Les autres, on a dû les renvoyer », ajoute le gardien. Un automobiliste raconte sa mésaventure. “Je suis arrivé à 6h30 devant le centre. Je pensais que j’allais passer. À ma grande surprise, tout était déjà bouclé. Ceux qui j’ai trouvé sur place se sont presque moqués de moi. Il fallait venir beaucoup plus tôt en fait”, explique l’infortuné, qui s’est rendu au centre de Zeralda, mais ce dernier est fermé.

La méthode ne plait pas à tout le monde et “crée souvent des situations de tension entre les travailleurs du centre et les clients qui passent de longues heures à attendre pour être renvoyés à l’ouverture car ils ne se retrouvent pas parmi les 60 premiers arrivés », avoue le gardien.

Mohamed, étudiant habitant à Alger-centre, est un des premiers à être passés au contrôle technique et un des premiers à en être sorti, peu après 8h00.

Il conduit la voiture de son père qui « n’a pas le temps ni l’énergie de venir au milieu de la nuit ». « Je suis venu très tôt, je ne me rappelle pas de l’heure à laquelle je suis arrivé mais c’était sûrement avant 2h00. J’ai dû dormir dans la voiture et attendre qu’on nous fasse entrer », raconte-t-il en baillant, expliquant qu’il n’avait pas le choix, « pas envie de payer la grosse amende ».

Le directeur du centre explique que la saturation des centres de contrôle technique de l’Algérois est essentiellement due à la politique de quotas.

Le ministère des Transports accorde à chaque centre un quota mensuel de véhicules à contrôler, environ 60 par jour mais les directeurs des centres sont libres d’en faire passer plus ou moins quotidiennement. Mais, une fois le quota épuisé, le centre ferme jusqu’au début du mois suivant.

« Nous avons pu tenir jusqu’au dernier jour ouvrable du mois, mais d’autres centres qui sont obligés de faire passer un nombre supplémentaire de véhicules certains jours ont épuisé leurs quotas plus tôt. Ils sont fermés depuis plus d’une semaine et ne rouvriront qu’au début du mois d’avril, lorsqu’ils auront leurs nouveaux quotas », ajoute le directeur du centre.

Cette situation laisse des milliers d’automobilistes d’Alger et ses environs dans le désarroi. Jusqu’à 8h00, la petite route menant au centre est empruntée par des voitures se rendant au centre.

Smail, commerçant est un de ces automobilistes désespérés. « J’ai essayé plusieurs centres cette semaine, j’ai beaucoup roulé et je commence à être fatigué de cette situation », dénonce-t-il, avant de partir pour Rouiba où, d’après lui, « un centre de contrôle technique est ouvert toute la journée ».

La limitation du nombre de véhicules qu’un centre peut contrôler quotidiennement est, selon le directeur du centre de Cheraga, due à la volonté des pouvoirs publics d’obliger les contrôleurs à s’appliquer et à passer le temps nécessaire sur chaque véhicule.

« La norme est de 20 minutes par véhicule contrôlé et c’est pour cette raison qu’ils ont limité le nombre de voitures qu’on peut faire passer chaque jour », indique-t-il.

Le contrôle technique est une obligation dont les automobilistes résidant à Alger ont tout le mal du monde à s’acquitter. Ils sont très nombreux à se plaindre de la quasi-impossibilité de le faire sans passer la nuit devant un centre de contrôle technique.

Le défaut de contrôle technique est sévèrement puni. Une amende de 20 000 à 50 000 dinars est infligée aux automobilistes en infraction.

Ceux-ci risquent également une suspension du permis de conduire pour une durée d’une année, voire son annulation en cas de récidive. Pire encore, une peine d’emprisonnement d’une durée de deux à six mois peut être prononcée à l’encontre des automobilistes dont les véhicules n’ont pas été contrôlés.

Contacté, le directeur général de l’Enacta (Établissement national de contrôle technique automobile) a refusé de répondre à nos questions.

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