
Le nombre de taxis clandestins est hallucinant. Chaque jour, de nouveaux particuliers se convertissent, surtout avec l’arrivée de la vague des retraités de la Fonction publique.
Selon le témoignage de nombreux chauffeurs, l’activité du transport clandestin est tout bénéf. Ceux qui l’exercent, disent-ils, n’ont ni charges ni assurances à payer. Il leur suffit juste d’avoir un véhicule pour exercer cette profession. Mustapha, un chauffeur de taxi, affirme qu’il existe même des sociétés de transport qui utilisent une seule licence pour plusieurs véhicules.
Et d’ajouter que certains chauffeurs réguliers subissent des menaces ou des attaques de la part des clandestins, quand ils se permettent de leur enjoindre de déguerpir des stations réservées aux taxis. Cette situation, parfaitement inadmissible, précise-t-il, est rendue possible en raison de l’inertie des pouvoirs publics. Conséquence, les clients sont transportés sans garanties légales, et bien sûr, sans aucun recours. Cette situation nuit dangereusement à l’activité des taxis officiels.
Certains, d’ailleurs, parlent d’un manque à gagner important pour les professionnels, mais il est difficile de donner un chiffre exact en l’absence de statistiques fiables quant au nombre de personnes qui se sont improvisées chauffeurs de taxi clandestins. Mais ce qui est sûr c’est qu’ils sont plus nombreux que les taxis réguliers et plus agressifs. Ils sont éparpillés sur l’ensemble du territoire de la ville et n’opèrent pas dans la clandestinité. C’est le cas dans tous les quartiers et cités de la ville.
Ils exercent au vu et au su de tout le monde et en toute impunité comme si l’activité était régulière et légale. Certains taximen réguliers parlent de mafia organisée, très puissante, difficile à ébranler. Preuve en est que les clandestins opèrent, en lieu et place, à côté de la station de taxis au grand damne des chauffeurs officiels qui ne peuvent que constater les dégâts. Même les commerçants de la ville se plaignent de leur présence à longueur de journée, empêchant les clients de stationner.
“Ils sont là durant toute la journée, nos clients ne trouvent pas de place pour stationner, alors ils évitent de venir chez nous”, disent les commerçants qui se demandent pourquoi les responsables ne font rien pour mettre de l’ordre dans ce secteur. Cette situation est plus qu’inquiétante. Elle contribue à la faillite des professionnels et du commerce de la ville d’où la nécessité d’assainir le secteur. Un jeune chauffeur clandestin dira que le phénomène s’amplifie avec l’arrivée des retraités de la Fonction publique qui ont de belles voitures et des relations.
“Avant on n’avait pas le courage de se montrer mais avec l’arrivée de cette vague de clandestins, on opère sans se cacher”, ajoute-t-il. Sur ce sujet, les autorités compétentes considèrent en fait que le phénomène est dû surtout à la désorganisation qui prévaut au sein de la profession qui, à son tour, attribue le développement de cette activité clandestine à l’absence de contrôle et de sanctions.
Les professionnels supposent que les autorités locales ferment les yeux sur ce phénomène parce qu’aucun plan de lutte contre le transport clandestin n’est en vue. “Les barrages de police et de gendarmerie ne peuvent mettre fin à cette problématique. Avant chaque départ, le chauffeur clandestin est informé des emplacements des barrages. Et grâce à la complicité des clients, les autorités ne peuvent pas prouver l’infraction”, déplore un agent de police. “À Bordj Bou-Arréridj, le nombre de licences d’exploitation pour les taxis n’a pas changé depuis des années.
La ville a grandi et de nombreux clandestins espèrent avoir une licence que les autorités locales bloquent sous prétexte que le nombre de demandeurs est plus élevé que celui des licences”, dira Samir, un jeune ingénieur en informatique qui s’est reconverti comme chauffeur de taxi par nécessité. “Est-ce-que c’est une excuse valable ? Le nombre de clandestins augmente chaque jour et ne pas délivrer de licences ne fait qu’augmenter les problèmes”, ajoute-t-il. Le taxi représente sa ville tant par le chauffeur que par le véhicule.
Pour cette raison, le service doit être impeccable. Mais il semble que les autorités n’ont pas encore compris que les clandestins offrent une image plus que négative de la capitale des Bibans.