Il reste encore du travail pour le mégaprojet de la ligne ferroviaire à grande vitesse (LGV) devant relier Tlemcen à Oued Tlélat (Oran) via Sidi Bel-Abbès sur une distance totale de 132 kilomètres.
Au train où vont les choses, le pari engagé par d’ex-responsables du ministère des Travaux publics et des Transports ne sera pas tenu : les travaux de ce premier tronçon en cours de réalisation par deux entreprises italiennes Per Condote d’Acque et Rizzani de Echer connaissent un avancement de 80%. Les 20% des travaux qui restent concernent l’achèvement de la pose des rails et la réalisation de la nouvelle gare LGV de Tlemcen.
Pour le deuxième tronçon reliant Tlemcen à Maghnia d’une distance de 66 kilomètres, le taux d’avancement est estimé actuellement à 7%. Ce projet a été confié, selon le directeur des transports de la wilaya de Tlemcen, à la société de droit privé algérien, en l’occurrence ETRHB-Haddad à laquelle s’est associée l’entreprise turque MAPA.
Le délai prévisionnel imparti à ce projet est de 36 mois pour une enveloppe financière de 117 milliards de dinars allouée. Il dispose ainsi de 17 kilomètres de viaduc et de 5 autres kilomètres de passage sous tunnel. Le projet en question a été confié suite à des soumissions de marchés publics aux entreprises ETRHB Haddad et Mapa après le désistement d’un groupement algéro-espagnol.
Supervisés par l’Agence nationale d’études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires (Anesrif), les travaux de cette ligne ferroviaire (Oued Tlélat-Tlemcen) ont été lancés en 2012. Selon les informations en notre possession, le LGV (financé à près de 2 milliards d’euros), qui devait totalement entrer en exploitation en 2019, ne sera livré qu’en 2021 et ce, à cause des nombreux obstacles rencontrés dans l’expropriation des propriétés se trouvant sur le tracé de la ligne ferroviaire électrifiée à double voie, à environ cinq kilomètres de la gare principale de Tlemcen, et plus particulièrement au niveau de l’ancienne gare de Tlemcen où résidaient d’anciens cheminots qui tenaient à être recasés ou indemnisés.
Outre les arrêts de travail répétitifs enregistrés dans différents chantiers du tronçon Oued Tlélat-Tlemcen par les travailleurs algériens de ces deux entreprises italiennes, de nouveaux arrêts de chantiers sont apparus également aujourd’hui au niveau du tronçon reliant Tlemcen à Maghnia en raison des difficultés financières du groupe ETRHB Haddad en charge de l’exécution de ce projet.
Selon nos sources, depuis l’incarcération du patron de ce groupe, Ali Haddad, des situations de travaux sont totalement bloquées à cause des dernières décisions prises par la justice dans le cadre de cette affaire. Ce projet long de 198 kilomètres depuis Oued Tlélat à Akid Abbès (Maghnia), qui traverse les wilayas d’Oran, Mascara, Sidi Bel-Abbès et enfin Tlemcen, et mettra 45 mn pour rejoindre la capitale de l’Ouest (gain d’une heure sur la durée actuelle du trajet), revêt une grande importance pour le développement économique des régions traversées et permettra d’offrir sur ce long trajet des trains à grande vitesse pouvant atteindre les 220 km/h.
Les trois stations de voyageurs de Moulay Slissen (la plus grande gare), Sidi Bel-Abbès et Tlemcen seront équipées d’ateliers mécaniques et d’entretien du matériel roulant totalement en sécurité avec des systèmes anti-incendie automatiques des plus modernes, de systèmes de télé-contrôle de gestion des trains et de systèmes de gasoil et de lavage pour les trains.
Cet ouvrage grandiose a été conçu dans les plus grandes universités européennes de Lisbonne, Florence et Rome. Sa conception répond à trois facteurs essentiels, à savoir le freinage, les vents et le séisme. Le viaduc de M’dig (commune d’Aïn Fezza) qui repose sur d’énormes piles circulaires en béton armé de 130 mètres de hauteur et un tablier métallique de 13 mètres, est le plus haut d’Afrique avec une hauteur de l’ordre de 130 mètres et d’une longueur exceptionnelle de 1 kilomètre 800 mètres. Un grand tunnel traverse la montagne de cette localité sur une distance de 690 mètres.