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Il était une fois un chauffeur de bus ..

18 décembre 2016 - 7 h 40 min

Un chauffeur de bus est attablé à la terrasse d’un café avec ses amis, refaisant son monde et critiquant les tares des autres, riant aux éclats aux pointes d’humour d’un des ses amis boute-en-train, ayant de la compassion (jusqu’aux larmes) pour le décès de celui-ci ou cet autre, la maladie de flen et les déboires de felten, vantant les mérites du travail bien fait et faisant le procès d’untel pour un travail bâclé, pour la hogra, l’injustice. Il donnerait son âme pour une bonne action… Bref c‘est le meilleur des hommes rêvant du meilleur des mondes… Le même chauffeur de bus au volant de son bus. Il est froid, sec, un rictus maléfique déforme sa bouche aux lèvres bleuies par le dédain. L’œil cinglant il observe, avec mépris, les clients qui montent dans son bus. Dénudant l’un, rhabillant l’autre, riant à la face de celui-ci, crachant au passage de tel autre, invectivant brutalement cette vieille dame qui gêne l’allée centrale du bus, menaçant cet enfant pleurnichard de lui couper le sifflet s’il ne se taisait pas, fusillant cette jeune étudiante riant aux éclats, l’oreille collée à son portable, «khi, marchandise, khi», dit-il l’œil rivé à son rétroviseur, mesurant sa victime, de haut en bas et de droite à gauche, en 3D… Mais le plus grand mépris, c’est pour les autres automobilistes, qu’il le cultive.
Avec son bus grand gabarit, il n’hésite pas à enfoncer une portière par-ci, décrocher un rétroviseur ou une aile par-là, arracher un pare-chocs, défoncer le coffre arrière d’une petite voiture conduite par une «khi, marchandise, khi», causant le diabète à ce vieux conducteur d’un vieux tacot et «boussafir» à cette élève d’auto-école. Qui des deux est le «bon» chauffeur ? Qui est vrai, qui est faux ? L’autre jour, il a percuté de plein fouet, un autre bus. Il y a eu beaucoup de blessés. Il a ouvert la portière, est descendu et a disparu dans la nature. La veille, après avoir grillé un feu rouge, avec plus de cent passagers à bord, on lui a retiré son permis.

EL GUELIL – Quotidien d’Oran


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