Grève des maintenanciers des trains de la banlieue d’Alger : La sécurité des rames menacée ?

La situation va mal chez Stadler, société suisse chargée de la maintenance des rames de la banlieue d’Alger. Les travailleurs du partenaire de la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF) ont déclenché une grève illimitée depuis la mi-août pour dénoncer le licenciement «abusif» de leurs collègues et des conditions de travail jugées «déplorables».

«La grève est suivie à plus de 90%. 45 travailleurs, dont des maintenanciers, des chefs de dépôt, de projets et des chefs d’équipe ainsi que des agents de nettoyage sont en grève», signale Krimat Samir, chef de projet Révision, un des six syndicalistes licenciés.

Selon Slimani Ahmed, secrétaire général de la section syndicale UGTA de l’entreprise, lui aussi licencié, trois revendications ont été formulées dans le préavis de grève déposé 19 août dernier. Il s’agit, détaille-t-il, de l’annulation des convocations en commission de discipline adressées aux syndicalistes, de la réactivation du comité d’hygiène et de sécurité (HSE) et l’ouverture des discussions autour des revendications socioprofessionnelles des travailleurs. «C’était l’occasion pour nous de mettre en avant l’une des préoccupations majeures des travailleurs liées à la maintenance de la structure et des équipements, propriétés de la SNTF, mais à la charge de l’Eurl Stadler», fait remarquer Krimat.

A défaut d’une prise en charge des revendications, Stadler dépose deux plaintes en référé, rejetées par le juge, et une troisième devant la Chambre sociale, qu’elle a fini par retirer. Mais, coup de théâtre, le matin du retrait, le directeur gérant, Massimo Toniato, licencie 6 syndicalistes. Sans toutefois réussir à faire fléchir les concernés. «Six autres travailleurs sont actuellement en instance de licenciement. N’empêche, un piquet de grève est organisé quotidiennement par les travailleurs», signale Krimat, empêché, avec ses camarades licenciés, d’accéder au site du Caroubier.
Les travailleurs mettent en garde contre l’état des rames en circulation dans la banlieue d’Alger (une cinquantaine), les opérations de maintenance préventive ou corrective ainsi que les révisions modulaires et les dépannages ne seraient pas menés convenablement.

Les cheminots solidaires

«Jeudi, un capteur de vitesse s’est complètement détaché, alors que la rame était en circulation. C’est une preuve que les gens chargés de la réparation la nuit n’ont pas respecté les paramètres d’usage. La société Stadler a recourt aux agents polyvalents, habituellement chargés du remplacement des vitres, de la peinture et de l’assistance des maintenanciers», s’offusque Krimat, qui met en avant l’état du site du Caroubier : infiltrations des eaux de pluie à l’intérieur du dépôt de maintenance avec présence de câble électriques sous l’alimentation 380 V, dégradation du tunnel de lavage extérieur des rames (dernière technologie dans le domaine ferroviaire propriété 100% SNTF) dont la maintenance est à la charge de Stadler.

Regrettant «le manque d’implication» de la direction générale de la SNTF, le syndicaliste affirme que cette dernière est intervenue une première et dernière fois le 6 août, mais sans permettre la prise en charge des revendications des grévistes par son client suisse. «Le PDG de la SNTF nous a promis une rencontre. Finalement, il a rassuré les travailleurs pour permettre que la visite du ministre des Transports dans les ateliers se déroule sans accrocs», dénonce le chef de projet. La Fédération des cheminots apporte son soutien aux grévistes à travers un sit-in, organisé le 7 octobre, et menace de lancer un demi-jour de grève si la situation de blocage se poursuit et «si le gérant n’est pas limogé».

«Nous avons décidé de poursuivre notre action de protestation. La fédération, qui s’est solidarisée avec nous, compte lancer au cours de cette semaine une action de protestation nationale pour exiger le départ du gérant», annonce M. Slimani, secrétaire général de l’UGTA. La société Stadler exploite le site de maintenance au Caroubier (Alger) à la faveur d’un contrat signé avec la SNTF sur 14 ans. Depuis 2008, la société suisse assure la maintenance de 64 rames automotrices Flirt.

«Nos rames sont sécurisées», rassure la SNTF

Les agents de Stadler, société suisse chargée de la maintenance des trains de la banlieue d’Alger, considèrent que les rames actuellement en circulation «ne sont pas sécurisées». «A notre connaissance, aucun attachement (validation de la maintenance par le groupe de contrôle SNTF) n’a été signé depuis le 28 août, date du début de la grève illimitée», relève Krimat Samir, chargé du projet Révision chez Stadler. Faux, rétorque la SNTF qui assure que le contrôle et la maintenance «se font normalement». «Le groupe de contrôle suit les opérations. Il y a eu, certes, un léger retard au début à cause de la grève, mais les agents de Stadler se sont rattrapés.

Le contrat avec Stadler prévoit la maintenance de 64 rames, dont 52 sont actuellement en exploitation. Il prévoit la maintenance des rames et leur mise en exploitation. Le groupe de contrôle vérifie la maintenance quotidienne de 4 rames par jour. Les rames sont sécurisées. Il y va de notre responsabilité», soutient Mekrebi Abderrezak, directeur du matériel et de l’attraction à la SNTF, contacté par El Watan. On croit savoir qu’une réunion entre la direction Stadler et la direction du matériel a eu lieu en fin de semaine dernière au site du Caroubier pour validation des attachements. «La réunion a été interrompue au bout de 15 minutes suite aux agissements non professionnels du directeur de Stadler», signale Krimat. Nous n’avons pu confirmer l’information auprès du concerné ou de sa direction suisse, restés injoignables.